Vive le service public d’éducation !

Vous souhaitez scolariser votre enfant dans un établissement scolaire public (en principe, c’est votre droit le plus strict) et le service public laïc d’éducation vous répond : « Allez voir dans le privé » !

Le service public d’éducation qui (dans l’esprit) doit accueillir tou·te·s les élèves dont les parents souhaitent une scolarisation dans un établissement public « conseille » de plus en plus fréquemment aux familles d’aller voir dans le privé.

Votre enfant doit redoubler, vous déménagez et vous cherchez à inscrire votre ou vos enfants dans un établissement public, votre enfant doit se réorienter, poursuivre ses études dans une formation donnée… ALLEZ VOIR DANS LE PRIVÉ !

Telle est aujourd’hui la réponse qui est de plus en plus souvent donnée aux familles par les chef·fe·s d’établissements de l’enseignement public. C’est intolérable, c’est inadmissible, c’est en totale contradiction avec la mission première de l’école publique qui doit accueillir tou·te·s les élèves qui le souhaitent.

Pourquoi de telles réponses, comment en sommes-nous arrivés là ?

Pour une raison fort simple ! Il n’y a pas ou plus de place pour votre enfant. Cette situation est une conséquence directe de la politique purement comptable mise en œuvre par le rectorat et les inspections académiques. Ces dernières années, ces gestionnaires zélé·e·s et dociles ont supprimé massivement « à la hache » des postes d’enseignant·e·s, fermé des options, des sections et des classes pour faire des économies drastiques.

Certes, ce problème n’est pas nouveau. Hier déjà certaines formations, options ou sections de l’enseignement public étaient contingentées (formations au nombre de places limitées). Il s’agissait de toutes les formations professionnelles et de certaines formations rares de lycée.

Ce problème affecte particulièrement les élèves qui changent d’établissement, mais il commence à se poser pour des poursuites de formation au sein même d’un établissement, la réforme du lycée ayant considérablement accentué le problème. En effet, un·e élève souhaitant suivre une option non proposée dans l’établissement où il ou elle a suivi sa Seconde, se voit obligé·e ou de changer d’établissement, ou de revoir son choix.

Il s’agit de gérer l’éducation comme une entreprise avec des critères de rentabilité, de productivité (on gère les élèves comme des boîtes de conserves, c’est à dire au moindre coût). Les effets (les fameux résultats) sont immédiats ! Classes surchargées, fermetures de formations, d’options, de sections non rentables, refus d’inscriptions… Qu’on se le dise, un·e bon·ne élève est un·e élève qui ne coûte pas cher.

Ces inflexions dommageables du système public de formation posent également un grave problème quant au respect du droit à la laïcité de l’enseignement. Tout·e élève dont les parents le souhaitent a droit non seulement à un enseignement public, mais également à un enseignement laïc. Ces refus de scolarisation constituent donc une double violation des droits.

Nos instances hiérarchiques peuvent prétendre sans rire que l’enseignement privé sous contrat exerce une mission de service public. Qu’il est également (toujours sans rire) soumis à l’obligation de Laïcité. Bref, qu’il n’y a pas plus public et laïc que le privé. De qui se moque-t-on ? Notre propension à prendre des vessies pour des lanternes connaît encore quelques limites ! L’enseignement confessionnel est fondamentalement l’antithèse de ces deux principes. En poussant des élèves dans les bras de l’enseignement privé, l’Éducation Nationale bafoue et nie de fait deux droits fondamentaux des citoyen·ne·s que nous sommes.

Les raisons d’une telle attitude et d’un tel discours insoutenable et ubuesque sont là encore assez simples. Le rectorat et les IA gèrent en simultané l’offre de formation (et donc les postes d’enseignant·e·s) du public et du privé sous contrat. Pour ces instances supérieures, l’offre de formation est en quelque sorte globale (public / privé dans l’unité). Une petite différence cependant, mais essentielle : un· élève du privé coûte moins cher à l’État qu’un·e élève du public.

Certes dans les deux cas, les enseignant·e·s sont payé·e·s sur les deniers publics (ce qui est totalement inacceptable et pourtant le cas depuis longtemps), mais dans le privé, les postes de surveillant·e·s, de secrétariat, d’agent·e·s… sont à la charge des parents (et non de l’État). L’Éducation Nationale a donc « intérêt » à pousser vers le privé pour de simples et sordides raisons de coûts comparatifs.

L’Éducation Nationale « roule » pour le privé car c’est son intérêt financier !

Entre offrir aux élèves un enseignement public et laïc de qualité et faire des économies budgétaires drastiques, l’Éducation Nationale n’hésite pas une seconde. Elle choisit en toute conscience et par tous les moyens possibles de sacrifier vos enfants sur l’autel des économies budgétaires et de la rentabilité, quitte à pousser de plus en plus de familles à s’adresser au privé.

SUD ÉDUCATION DENONCE CES REFUS DE SCOLARISATION DE PLUS EN PLUS NOMBREUX AU SEIN DU RESEAU PUBLIC D’ÉDUCATION.
SUD ÉDUCATION COMBAT DE TOUTES SES FORCES CETTE REMISE EN CAUSE DE LA MISSION PREMIÈRE DE L’ÉCOLE PUBLIQUE ET LAÏQUE QUI EST D’ACCUEILLIR TOU·TE·S LES ÉLÈVES QUI LE SOUHAITENT. SUD ÉDUCATION N’ACCEPTERA JAMAIS CETTE MARCHANDISATION DE LA FORMATION.

L’école n’est pas une entreprise, l’éducation n’est pas une marchandise, l’élève et ses parents ne sont pas des client·e·s.