Rillieux-la-Pape le 19 octobre 2021
Une concertation s’est tenue ce jour avec des collègues AESH et AVS des écoles, et établissements, englobant le secteur de Rillieux-la-Pape, pour exposer à la lumière du jour, une situation critique et alarmante en milieu scolaire.
Nous souhaitons mener une action pour contester la détérioration conséquente de notre fonction en temps qu’accompagnant·e·s d’élèves en situation de handicap notifié·e·s par la MDPH. Ces élèves subissent de plein fouet une politique drastique, totalement déshumanisée et déconnectée de la réalité. Cette politique vise en premier lieu les AESH, victimes d’une instabilité néfaste dans leur emploi à cause du système des PIAL, avec des conditions de travail de plus en plus difficiles.
Pour rappel, le PIAL, – Pole Inclusif d’Accompagnement Localisé – , est une nouvelle organisation Éducation Nationale, qui vise à regrouper et centraliser par secteur géographique la gestion des Accompagnant·e·s d’Élèves en Situation de Handicap (AESH), en milieu scolaire ordinaire.
Créés en 2018 , les PIAL mettaient en avant des contrats en CDD de 3 ans, renouvelables 1 fois, avec peut-être au bout l’espoir d’ un CDI. Ils nous ont dit que ces PIAL permettrainet « enfin » d’entrer dans le cadre d’une vraie politique de professionnalisation des AESH, et d’une réelle reconnaissance de notre fonction. Ils se vendaient comme un projet ambitieux à la hauteur des besoins spécifiques des élèves en situation de handicap, nous permettant, nous AESH , d’assurer un accompagnement de qualité. Nous espérions qu’une réflexion sérieuse allait être établie. Qu’ils apporteraient les réponses nécessaires pour être au plus près des élèves notifiés de la MDPH. Qu’ils mettraient en place les moyens pédagogiques adaptés aux besoins. Qu’ils amèneraient un accompagnement humain aux élèves en situation de handicap, dans un cadre bienveillant et serein. Hélas, il n’en est rien ! Le constat est malheureusement sans appel.
Nous assistons aujourd’hui à une dégradation de l’accompagnement sans précédent sur tous les plans, avec toujours plus de charge de travail pour nous comme pour les enseignant·e·s, avec de plus en plus d’élèves en situation de handicap dans une même classe. De ce fait, ce sont tous les élèves qui se retrouvent noyé·e·s dans de grandes difficultés d’apprentissage, avec des enseignant·e·s épuisés, sans formation pour accueillir les élèves notifié·e·s, dans une école pourtant dite inclusive, mais qui ne dispose pas des moyens nécessaires pour gérer ces élèves tout en devant en même temps gérer le reste de la classe.
De plus, beaucoup d’élèves notifié·e·s de la MDPH ne sont pas accompagné·e·s par des AESH. Depuis la création des PIAL, on nous impose des missions complètement démesurées : affectations soudaines en cours d’année qui implique une rupture brutale d’accompagnement avec un enfant, baisse de nombre d’heures d’accompagnement mutualisées de 8h à 3h voire moins de 3 h par semaine par élève. Des AESH, sont envoyé·e·s 6h dans une école, puis 12h dans un autre établissement, parfois 3 h seulement. Le PIAL explique qu’il nous incombe d’assurer plusieurs accompagnements simultanément, sur un ou plusieurs établissements de la maternelle au lycée.
Or, nous estimons qu’un accompagnement de qualité pour des élèves ayant besoin d’une présence humaine ou d’un soutien pédagogique n’a d’intérêt et d’efficacité que s’il propose un nombre d’heures suffisant, assuré par un·e AESH correctement formé·e, stabilisé·e dans l’emploi et surtout auprès de l’enfant. Au lieu de cela, nous devenons des pions ! Dans certains établissements et écoles, il arrive même que l’on nous demande à nous, AESH, d’effectuer des tâches qui ne sont pas les nôtres : administratives, classement, rangement, accueil et surveillance des élèves en classe, dans les couloirs, etc. Pourtant nos missions sont clairement définies dans la circulaire cadre des AESH du 3 mai 2017, et ne doivent pas dépasser les missions d’accompagnement.
Comment travailler dans de telles conditions ?
Les établissements manquent cruellement d’AESH : les embauches deviennent sporadiques par manque de budget , les professeurs sont dépassés faute d’accompagnements pour les élèves souffrant de handicaps, les parents sont mal informés, et surtout les élèves sont mis en échec à cause de ce cette gestion purement compatable de l’école. La République peut-elle offrir une scolarité correcte et sereine à ses enfants ? Peut-elle assurer l’égalité des chances pour tous ses enfants et permettre à celles et ceux porteurs de handicap de s’épanouir et de se réaliser dans une école inclusive ? Comment continuer de travailler quand les PIAL mettent tout le système à bout de souffle?
Et puis, comment tenir lorsque la précarité salariale des AESH est négligée et non revalorisée, avec un salaire miséreux, entre 600 et 800 euros pour 25 h en moyenne, en deçà du seuil de pauvreté ?Comment tolérer l’absence de réelles formations relatives au champ de handicap ? Pourquoi devrions nous accepter de ne pas bénéficier de la prime en REP + quand nous fréquentons les mêmes élèves que les enseignant·e·s ? N’ayant pas de statut en tant que personnels d’éducation, les AESH, ne sont pas inclus·e·s aux concertations avec les équipes éducatives, pédagogique et soignantes . L’unique réunion éducative à laquelle nous sommes conviés est l’ESS/MOPPS. Et pour couronner le tout, nous ne deviendrons jamais fonctionnaires, donc titulaires de notre poste en tant qu’AESH !
Tous les jours, des collègues AESH démissionnent de leur poste. D’autres continuent de faire leur travail, mais à bout de souffle, car elles sont malmenées, déconsidérées, épuisées et découragées. Nous avons tou·te·s à cœur de faire notre travail correctement et nous en sommes empéché·e·s.
Nous avons besoin de votre soutien.
Aidez nous pour aider les élèves.
Familles, enseignant·e·s, aidez nous pour vous aider.