Mardi 9 janvier, les familles avec des enfants de moins de 3 ans hébergées par le collectif Jamais Sans Toit n’ont pas eu accès aux hébergements du 115 promis par le ministre le jour même, au prétexte qu’elles avaient une solution de mise à l’abri dans l’établissement scolaire des enfants ! Face à l’inaction des pouvoirs publics, Jamais Sans Toit réquisitionne les anciens locaux de l’école Joannes Masset afin d’y héberger les familles.
Sud Education Rhône soutient le collectif Jamais Sans Toit et relaie son communiqué de presse : la place d’un enfant et de sa famille n’est pas à la rue en plein hiver ! L’éducation n’est pas compatible avec la rue.
COMMUNIQUÉ DE PRESSE JAMAIS SANS TOIT
« Ça c’est pas possible ! » telle a été la réaction spontanée de la première dame de France interrogée au sujet du scandale des enfants sans toit par le maire de Lyon lors de sa visite à Lyon mercredi à l’occasion du lancement de l’opération « Pièces jaunes ».Et pourtant, en cet hiver 2024, la réalité est têtue : 181 enfants sans solution d’hébergement sont recensés au sein de la troisième ville de France par le collectif Jamais Sans Toit. Sur les 208 écoles maternelles et élémentaires de la commune, un quart est affecté par le sans-abrisme des élèves. A la veille des vacances, 89 d’entre eux étaient hébergés dans 13 écoles, soit la moitié des enfants à la rue de la ville qui étaient mis en sécurité la nuit par de simples citoyens. Ces derniers ont par ailleurs déjà dépensé 30 000 euros depuis la rentrée en nuitées d’hôtel.
Le temps des vacances de Noël, 56 de ces enfants ont été hébergés en hôtel par la ville de Lyon, mais lundi 8 janvier, le jour de la rentrée, ils ont été remis à la rue. Rien n’avait été anticipé par les pouvoirs publics et les familles ont attendu en vain une mise à l’abri alors que déferlait sur la ville une vague de froid glaciale.
Mardi, alors qu’il neigeait et que M. Patrice Vergriete le ministre du logement annonçait le déblocage de 120 millions d’euros, les familles de la métropole lyonnaise avec enfants de moins de trois ans étaient invitées à appeler le 115 pour une prise en charge. Cependant, celles qui répondaient aux critères de vulnérabilité et qui sont suivies par nos comités de soutien se sont vu essuyer un refus au prétexte qu’elles avaient une solution de mise à l’abri dans l’établissement scolaire des enfants !
Autrefois lanceurs d’alerte, nous sommes donc désormais considérés comme des acteurs officiels de l’urgence par les services de l’Etat. Dont acte. En tant que structure accréditée et reconnue, face à la nonchalance coupable de l’Etat qui se refuse à agir, face au nombre sans précédent d’enfants sans toit au sein de la 3e ville du pays, le collectif Jamais sans toit déclenche le plan Grand Froid.
A compter de ce vendredi 12 janvier, ce sont 48 enfants de 18 groupes scolaires qui seront mis à l’abri dans les locaux del’école Montel.
Le collectif attend que le maire de Lyon prononce la réquisition du bâtiment au titre de l’article L.2212-2 du Code général des collectivités territoriales et prenne attache avec les services de l’Etat afin que les familles intègrent le circuit légal d’hébergement d’urgence.
Dans l’attente d’une orientation, le collectif demande que soit mandaté de toute urgence un opérateur social afin d’assurer la gestion sanitaire du lieu et pour qu’un diagnostic social des familles soit établi dans les plus brefs délais.
A quelques jours du 70e anniversaire de l’appel du premier février 1954 par l’abbé Pierre, alors qu’une femme est morte gelée il y a deux jours, nous poussons ce cri d’alarme : « mes amis au secours ! » afin que tous les acteurs institutionnels compétents travaillent de concert et en bonne intelligence pour que cesse le scandale des enfants sans toit. La générosité et la mobilisation citoyenne ne sauraient davantage pallier la défaillance des mécanismes de solidarité qui sont inscrits dans la loi.