Monsieur le conseiller, l’Union syndicale Solidaires ne vous adressera pas de demandes, car plus personne ne pense que le président de la République tient compte de ce que portent les organisations syndicales et les mouvements sociaux.
Nous saisissons cette occasion pour nous faire les porte-voix des urgences et des colères qui existent dans tout le pays, dans tous les secteurs du monde du travail, et qui expliquent que nous appelons à la mobilisation.
La colère est d’abord sociale :
la misère et les prix explosent mais votre gouvernement annonce une prime ponctuelle de 100 euros au lieu d’augmenter les salaires, les pensions, le point d’indice, le SMIC et les minimas sociaux. Votre gouvernement passe en force sur la réforme du chômage qui va jeter des centaines de milliers de personne dans une grande pauvreté. Les hôpitaux subissent encore des fermetures de lit, l’ensemble du système de santé est exsangue, tous les services publics subissent les conséquences de l’austérité. Les licenciements se multiplient.
Nous voulons exprimer ici notre soutien aux grévistes de Transdev Île-de-France. Face aux projets de privatisations, et au démantèlement des Services Publics, la lutte des salarié-e-s de Transdev Île-de-France est emblématique.
Nous dénonçons la logique répressive dans laquelle s’enferre la direction. L’Union Syndicale Solidaires apporte également son soutien aux grévistes de l’usine Bergams à Grigny, une entreprise de 300 salarié·e·s, une majorité de femmes, qui produisent des sandwichs ou salades pour des grands groupes. Ces salarié·e·s sont en grève pour refuser de travailler plus pour gagner moins tout en voyant leurs conditions de vie et de travail se dégrader considérablement. Et d’ailleurs du point de vue féministe votre gouvernement mène une politique scandaleuse, avec sur ce sujet comme sur tant d’autres un écart abyssal entre les discours et les actes.
Comment pourrait-il en être autrement quand est maintenu au ministère de l’intérieur un Gérald Darmanin, qui a en plus l’outrecuidance d’afficher son « soutien » aux femmes : merci, ça ira, de soutiens de ce type, on s’en passe volontiers. Il faudrait déjà commencer par mettre les moyens demandés par les associations pour un véritable plan de lutte contre les violences faites au femmes.
La colère est aussi démocratique :
E. Macron, G. Darmanin et tout le gouvernement dirigent le pays d’une manière de plus en plus autoritaire. Répression des syndicalistes et des mouvements sociaux, loi « sécurité globale » qui réduit les libertés publiques, loi « séparatisme » qui dévoie la laïcité et attaque le droit d’association, gestion autoritaire de la crise sanitaire, dénonciation éhontée des opposant·e·s par des qualificatifs injurieux, chasse des migrant·e·s et situation intolérable pour nombre d’exilé·e·s… Ce pouvoir emprunte de plus en plus à l’extrême droite.
La colère est également écologique :
alors que les urgences climatiques et environnementales n’ont jamais été aussi fortes, le gouvernement s’est assis sur l’essentiel des proposition de la Convention citoyenne sur le climat qu’il avait lui-même mise en place.
Il n’y a aucun plan d’ensemble à la hauteur des enjeux. Le programme industriel annoncé sous l’intitulé « France 2030 » – pour lequel le président de la République est en tournée promotionnelle – n’intègre toujours pas cette dimension comme devant structurer l’ensemble des politiques économiques et productives.
Sur les questions sociales, démocratiques, écologiques, industrielles, Les organisations syndicales et les mouvements sociaux ont des propositions, des alternatives aux politiques libérales qui détruisent les vies humaines et l’environnement. Elles impliquent de sortir des logiques capitalistes, d’imposer une tout autre répartition des richesses et un changement des modes de production et des régimes de propriété. C’est ce que commence à dessiner le plan de rupture du collectif Plus Jamais Ça, qui regroupe de nombreux organisations syndicales, associations citoyennes et environnementales.
Saint-Étienne, le 25 octobre 2021