Nous relayons le communiqué des personnels en grève du collège Molière (Lyon 3) et leur apportons tout notre soutien
Les personnels du collège Molière sont massivement en grève ce lundi 9 novembre : 100% des personnels de vie scolaire, 85% des AESH et 60% des enseignant-e-s réclament d’une même voix la mise en place d’un protocole pour l’Éducation Nationale à la hauteur de la situation sanitaire.
Nous sommes dans un contexte de deuxième vague dont l’intensité est mise en avant aussi bien par les scientifiques que par le Président de la République lui-même, a fortiori dans le Rhône. Or dans les établissements scolaires, le protocole sanitaire « renforcé » n’est qu’une illusion. En effet, toutes les mesures qui y figurent sont facultatives et doivent être mises en place « dans la mesure du possible », ce qui, en l’absence de moyens supplémentaires, n’est pas effectif (aucun recrutement n’a été effectué pour l’entretien et l’encadrement des élèves, pourtant censés être renforcés). Le protocole est donc identique à celui de septembre (en dehors du port du masque et de la présence de gel hydroalcoolique, il n’y a aucune mesure concrète), et nettement moins protecteur que celui du mois de mai.
Ainsi, aucune distanciation physique n’est concrètement possible :
- 30 élèves regroupé-e-s dans des salles de moins de 50 m2 parfois impossibles à aérer correctement
- Une cour sous-dimensionnée et très étroite qui ne permet pas d’éviter le brassage entre élèves (la capacité d’accueil du collège a été doublée en quinze ans sans que la cour ne soit agrandie)
- Des couloirs exigus et bondés où tout le monde, élèves et personnels, subit une promiscuité inévitable
- Le self accueille 250 élèves le midi sans distanciation ni désinfection entre les services, alors que c’est le moment le plus critique quant au risque de contamination, du fait du non-port du masque
- Les flux d’entrée et de sortie sont très importants, les élèves s’agglutinent à l’entrée du collège.
Nous revendiquons donc un protocole réellement protecteur pour les personnels, les élèves et leur famille, à la mesure de l’ampleur de la contagion actuelle. Il existe une solution : passer sur un fonctionnement en demi-groupes, ce qui permettra de diminuer le nombre d’élèves dans les salles de classe, dans les couloirs, dans la cour de récréation et en demi-pension. C’est un des moyens les plus efficaces pour lutter contre la diffusion du virus à l’intérieur des établissements scolaires. De fait, c’est ce protocole qui est désormais mis en place dans les lycées, or la contagiosité des élèves de lycée et de collège est similaire 1 .
C’est d’ailleurs la solution qui a été prônée :- Par le Conseil Scientifique 2
- Par le plan de continuité pédagogique 3
- Par le ministre lui-même 4 .
Les personnels du collège Molière ont par conséquent réclamé la mise en place de cette organisation pédagogique fonctionnant par demi-classes dès le retour des vacances de la Toussaint. N’ayant pas été entendu-e-s jusqu’à présent, nous sommes en grève afin d‘exiger de l’institution qu’elle apporte des réponses à la hauteur des enjeux.
Au-delà de notre situation locale, c’est aussi par solidarité avec l’ensemble des personnels soignants que nous nous mobilisons : cette mesure est indispensable pour réduire la pression exercée sur les hôpitaux. Soutien aux soignant-e-s et à l’hôpital !
1 : « Pour les lycées et les collèges : Les adolescents de 12 à 18 ans semblent avoir la même susceptibilité au virus et la même contagiosité vers leur entourage que les adultes. […] Le risque d’épidémie est bien documenté (France, Chili, Israël), avec une transmission vers le personnel enseignant. » (Note du Conseil Scientifique du 26 octobre 2020, consultable sur : https://solidarites-sante.gouv.fr/IMG/pdf/note_conseil_scientifique_26_octobre_2020.pdf
2 : Le Conseil Scientifique préconise dans la note référencée ci-dessus de «renforcer les mesures décrites dans le protocole sanitaire des écoles et des
établissements scolaires (au niveau de l’Education nationale) », notamment grâce au « respect des distances physiques (effectifs diminués, notamment au collège et au lycée, avec recours à l’enseignement à distance le cas échéant) ».
3 : Ce plan de continuité pédagogique stipulait depuis juillet et jusqu’au 29 octobre dernier que « dans l’hypothèse d’une circulation accrue du virus sur tout ou partie du territoire, cette organisation pédagogique pourrait être amenée à évoluer, sur demande des autorités sanitaires, afin de continuer à assurer l’éducation pour tous. Hypothèse 1 : restriction de l’accueil physique des élèves. Tous les élèves auront accès à des cours en présentiel sur une partie du temps scolaire chaque semaine. Organisation adaptée pour le reste du temps scolaire : enseignement numérique à distance (CNED, possibilité de suivre la classe à distance, cours Lumni sur France 4, etc.), accompagnement scolaire et éducatif (Devoirs faits, dispositif 2S2C) », consultable sur https://www.education.gouv.fr/rentree-novembre-2020-modalites-pratiques-305467.
4 : Jean-Michel Blanquer a déclaré le 5 juin dernier sur Konbini que « si le virus est toujours là à la rentrée, il y aura toujours la règle de groupes restreints […], ce qui est favorable d’ailleurs pédagogiquement ».